Le Faiseur de Rêves de Laini Taylor - COUP DE COEUR ♥


Le Faiseur de Rêves, tome 1
Laini Taylor
Lumen
664 pages

Il est une ville, au centre du désert, où nul n'a le droit de se rendre sous peine de mort. De ses entrailles sortaient autrefois d'interminables caravanes chargées de trésors mais, depuis deux cents ans, la cité est coupée du reste du monde... Pire encore, un soir d'hiver, le nom de ce lieu de légende s'évanouit en un clin d'œil de la mémoire de tous – Lazlo Lestrange, orphelin de cinq ans à peine, ne fait pas exception à la règle. Frappé au cœur, le petit garçon restera irrémédiablement fasciné par cette énigme.

Quinze ans plus tard, il travaille dans la plus grande bibliothèque du monde, à Zosma, en rêvant de fabuleuses découvertes quand, de la Cité oubliée, émerge tout à coup une curieuse expédition venue recruter les meilleurs scientifiques du continent. Pourquoi diable s'obstiner à réunir ces esprits éminents ? Mystère... Et pourquoi Lazlo voit-il donc ses songes se peupler de visions étranges – à commencer par une déesse à la peau bleue pourtant assassinée, des années plus tôt, par les habitants de la ville interdite ? Qui est-elle vraiment ? Comment le jeune homme, qui ignore tout de sa légende, peut-il bien la voir en rêve ?



Ce qui est le plus difficile quand on aime un livre autant que j'ai aimé Le Faiseur de Rêves, c'est d'en écrire la chronique. Voilà, c'est dit. J'ai adoré. Non, attendez, c'est un euphémisme. J'ai l'impression que ce roman a été écrit pour mon âme. J'ai rarement sentie une connexion aussi grande, spéciale, majestueuse avec un livre, mais cette fois-ci, c'est arrivé. La dernière fois que j'ai senti cette connexion, c'était avec La Passe-Miroir, tome 1: Les Fiancés de l'Hiver, que j'ai lu en 2016, si je ne me trompe pas. C'est pour vous dire. 

Lazlo n’aurait pas pu appartenir plus complètement à la bibliothèque s’il avait été un ouvrage lui-même. Au cours des jours qui suivirent - puis des mois et des années, à mesure qu’il devenait adulte -, il fut rarement aperçu autrement qu’avec un livre ouvert devant lui. Il lisait en marchant. Il lisait en mangeant. Les autres bibliothécaires le soupçonnaient de lire aussi en somnolant, voire de ne pas dormir du tout. Les rares fois où il consentait à relever les yeux, il semblait toujours sortir d’un rêve.

Je sens que cette chronique sera remplie de "j'ai l'impression", "je ressens", "je sens", car je ne peux pas exprimer autrement mon avis sur ce roman. C'est un harem d'émotions, de ressentis, de beauté, de tendresse. Comment vous simplifier tout ça? J'ai l'impression qu'avant de lire ce livre, mon âme de lectrice était loin, perdue, pendue au bout d'un fil. Elle vaguait à ses occupations, dans le calme de mes inspirations littéraires préférées. Et dès que j'ai commencé Le Faiseur de Rêves, elle s'est ramenée tellement vite qu'en rentrant dans mon corps, elle a tout secoué.

J'ai juste l'impression que ce roman a ramené de la vie en moi. 

Dans la noirceur de ses yeux, Lazlo entrevit la douleur d’aimer un être qui ne s’aime plus.

J'essaie tellement de vous faire ressentir un tantinet l'émotion que ce roman a causé en moi que j'en oublie de vous faire un petit topo sur ce qui m'a plus (c'est-à-dire pas mal tout). 

Premièrement, l'univers. Savez-vous à quel point c'est difficile de créer un univers aussi surprenant pour un lecteur qui en a traversé des centaines dans sa vie livresque? Je ne m'attendais certainement pas à être autant essoufflée par ce monde imaginé de A à Z, magnifique et magique

Quatre mot pour le qualifier: lyrique, fascinant, bleu et sublimement complet. 

Je suis entrée et me suis noyée dans un monde merveilleux, aux milles saveurs, et j'ai nagé dans cet univers aussi sombre que touchant, aussi poétique que trouble où règnent nostalgie, douceur, lourdeur et ressentiments. Cet univers bleu et touchant dans lequel, pour une grande partie du roman, nos personnages principaux, Lazlo et Sarai, vivent et évoluent, chacun cloîtré dans leurs modes de vie, entourés de mentalités complètement différentes. 

 Est-ce que tu avais peur du noir quand tu étais petit ?
Lazlo sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale. Il pensa à la crypte de l'abbaye et aux nuits passées enfermé avec les moines morts.
- Oui, avoua-t-il.
- Même quand tu savais, de manière rationnelle, qu'il ne pouvait rien t'arriver ?
- Oui.
- Eh bien, à Désolation, on est tous des enfants dans le noir.

J'ai eu un immense coup de coeur pour Lazlo et Sarai (mais surtout pour Lazlo, je dois l'admettre). C'est nos deux personnages principaux, et ceux auxquels je me suis le plus accrochés. J'ai pu baigner dans leurs pensées, leurs peurs, leurs forces, leurs faiblesses, leurs frustrations, tout ce qui fait d'eux des êtres à part entière, et je n'en suis pas ressortie indemne.

Ce sont deux personnages puissants, qui font traverser leurs émotions au-delà des mots, au-delà des pages. Ce sont des caractères majestueusement approfondis, perfectionnés et formés, deux personnages attachants jusque dans le moindre détail de leur personnalité, et jusque dans leur plus détestable défaut. Je les aime d'amour. 

Sa voix se brisa et elle sentit un noeud se former dans sa gorge. Soudain, elle eut l’impression d’avoir la tête remplie de larmes au point d’exploser si elle n’en versait pas quelques-unes.

Et que serait ce roman, cette idée, cet univers, ces personnages sans l'artiste derrière tout ça? Rien. Ce roman est constitué des mots les plus beaux, des phrases les plus sublimes, des métaphores qui touchent droit au coeur, des tournures d'événements qui ont fait éclaté mon coeur de joie ou l'ont réduit à la plus tendre tristesse. Je ne sais définitivement pas comment elle le fait, mais elle le fait à la plus belle perfection. Ce n'est clairement pas mon dernier Laini Taylor, c'est sûr sûr sûr. 

J'ai sans doute oublié de vous parler de pleins de détails que j'aurais aimé vous communiquer - juste pour vous transmettre mon amour pur envers ce roman - , mais en ce moment, j'ai peine à penser à d'autre chose qu'à ça: mon amour pour cette histoire

Je remercie, bien évidemment et avec emphase, Interforum Editis Canada pour cet envoi, cette lecture, ce coup de coeur, tout tout tout. 
Il était une fois un homme amoureux de la lune, mais dès qu'il tentait de l'enlacer, elle se brisait en mille morceaux et le laissait trempé, les bras vides. Sathaz avait fini par comprendre que s'il entrait dans la mare et restait immobile, la lune viendrait à lui et le laisserait être proche d'elle. Seulement proche, jamais en contact. Il ne pouvait pas la toucher sans la briser. Ainsi, comme Lazlo l'avait raconté à Sarai, il se réconcilia avec l'impossible et prit ce qu'on lui offrait.

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